La vie à la ferme*
la vie à la ferme
je l'aurais aimée peut-être
s'il n'y avait eu
vaches poules et cochons
sans compter les champs de fraises
la vie à la ferme
je l'aurais aimée peut-être
s'il n'y avait eu
vaches poules et cochons
sans compter les champs de fraises
dans la balançoire
sous les peupliers gardiens
de la maison verte
en survolant la rivière
j'ai commencé mes voyages
j'aimerais parfois
les jours où suis enserrée
en cloître de glace
attablée au Florian
regarder tomber la pluie
pas encor matin
le camion va au marché
parcourt sans le voir
enveloppé dans son rêve
toujours le même chemin
sur le pied de danse
l'ancienne sérénissime
rit et tourne en rond
sans remède à ses verrues
masquées pour le carnaval
la neige a cessé
qui emplissait tout l'espace
tout l'air tout le ciel
même le vent ne sait plus
où il pourrait la souffler
si avant mon corps
mon esprit fermait boutique
me parlerait-on
comme à une plante verte
au moment de l'arroser
douceur du dimanche
gens et ballons se promènent
quelques chats aussi
qui boivent à la fontaine
à la suite des pigeons
ne sais où j'allais
tant il y a de lumière
ni où ni pourquoi
dans les canaux dans les rues
le soleil est mon chemin
ce matin de brume
il n'y a rien à Venise
que cette blancheur
ces ombres à la dérive
et tout ce qui est perdu
au milieu des poules
et des flaques de lumière
galope le veau
et la fillette derrière
court en bottes de printemps
sur chacun des pieux
goéland au garde-à-vous
nous faisons silence
y aura-t-il un retour
d'autres soleils dans cette eau
ô toi ma rivière
cabriolant sur les roches
en bouillons joyeux
as-tu parfois des visites
as-tu souvenir de moi