Et le soleil attend

De boue de soleil

de boue de soleil
les enfants saoulés dessinent
un dernier printemps

pleine lune
les enfants soudain
s'arrêtent de danser

la nuit toute neuve
quand s'effeuille le bouquet
de la mariée

nouveau retraité
jour et nuit chasse les monstres
les nécromanciens

tapis de feuilles
dans le soir tant de lumière
tombée

chante le couffin
à l'ombre des lilas blancs
la berceuse endort
les oiseaux l'arbre l'enfant
et la main qui écrivait

où étiez-vous donc
grands arbres mes bien-aimés
quand au ciel d'automne
l'étoile qui brillait seule
fort si fort a disparu

l'an fuit
nos voeux, souhaits, promesses
bouteilles de plastique à la mer

serait devenu guide
n'a pas vu la voiture
le chiot

tocotoc de la perceuse
je m'accroche au chant
de la viole de gambe

partie leur amie –
les « merveilleux résidents »
tenus dans le noir

cette alarme encore!
cachée dans le garde-robe
la très vieille dame

Venise inondée
partout les pompes, funèbres
la croisière s'amuse

vous êtes partie
nous ne savons pas pourquoi
soudain tant de neige

dors petit lapin
tant que l'abeille bourdonne
dans les framboisiers
que frissonne la forêt
à la fonte des glaciers

des milliards d'étoiles
et pas une qui entend
le dernier bonsoir
à celui qui part demain
et qu'on ne reverra plus

soudain elle est là
devant la porte-fenêtre
la bestiole grise
ton nom enfin me revient
écureuil toi mon ami

après la nuit blanche
si longs les cheveux des anges
si frais le matin
le dernier croissant trempé
dans une tasse de ciel

orage d'été
vite on se met à l'abri
s'ébroue en riant
au stand de fraises l'enfant
dans son livre enfin plongée

tout doux m'sieu le vent
l'œil bleu du myosotis
ne l'oubliez pas
dans la pâleur d'un matin
tantôt se refermera