Et le soleil attend

Bien patiemment
Un âne attendait
Que l'on épluchât sa banane
Pourquoi?
Mais pour la manger, pardi

Une enfant dans la ruelle
contourne le tas de neige
Le grand arbre à ma fenêtre
est décoré de bourgeons
Lundi on a mis en terre
le frère aîné de mon père

Bruyantes les rénos
La baignoire dévale l'escalier

Pluie, vent, grésil
déclaration de revenus
ce soir de la neige

(Clin d'œil à Charles d'Orléans : http://wfr.tcl-lang.org/fichiers/ulis/poemes/Charles_Orleans.htm#sd_4.)

Sur un tas de neige
douce lumière du soir
un chat la regarde

Déprime, j'ai attrapé les rênes
et si contre moi tu te retournes
je te ferai des grimaces

Dans la neige se mélangent
toutes les couleurs de cette joie
qui n'a pas de raison d'être

Ce tunnel si long, si froid
je veux bien le traverser
s'il mène peut-être à la lumière

Avec la douleur
je ne sais pas comment vivre
faut-il donc ne songer qu'à survivre
à l'égrènement des heures
avec la douleur

Faut-il le demander à la lune
au nuage ou au soleil couchant

qu'importe, elle a oublié
ces questions qui la tourmentent

reste le tourment

Mais la lune aussi
sur tous nos rêves brisés
brille avec ardeur

Voudrait m'emporter
la colère, cheval fou
je lui tiens les rênes

Une envolée de cailloux
vient me frapper au visage

Mais je tiens bon, je tiens

Les anges cet après-midi
ne veulent pas faire la sieste
ils se battent à coups de nuages
ah! les flocons
dodus comme des colombes

Le matin se lève
lent et raide, à reculons
pourtant le soleil

Tête dans le sable
laissez-moi faire l'autruche
et ne trembler plus

Sur l'après-midi
se déverse tant de neige
mon cœur en est plein

Dormir un printemps
parmi les myosotis
ronronner peut-être

Brouillard du matin
cette paupière qui tremble
nul ne la verra

De mes disparus
silencieux flocons de neige
vous portez les noms

Ce soir les étoiles
se sont cachées pour pleurer
et la lune aussi