Pas encor matin*
pas encor matin
le camion va au marché
parcourt sans le voir
enveloppé dans son rêve
toujours le même chemin
pas encor matin
le camion va au marché
parcourt sans le voir
enveloppé dans son rêve
toujours le même chemin
Quand la maison dort
la rosée brille dans l'herbe
mais c'est un secret
Madame la Comtesse
et petit-fils adoré
tous deux bien serrés
à la terrasse du café
sourient sous leur parapluie
Les parapluies dansent
quand se croisent à Venise
font la révérence
En patins d’argent sur le canal
Oh! le sapin bleu qui vire et volte
La lune balance son fanal
Et tombe
Le nez dans la flotte
Voix qui s'entrelacent
dans les dédales du ciel
s'envolent motets
Ce que la mauve glycine raconte
aux volets jaunes
nul ne le saura
trop ébloui
pour tendre l'oreille
Oh! la vie que l'on rêve
par une fenêtre ouverte
ne laissant rien voir
que des volets bleu ciel
et un chat couché derrière les plantes vertes
Il pleut, comme il pleut
Ave Maria
Chantent violoncelle et piano
Il pleut, n'en finit plus de pleuvoir
Et en dépit de la pluie
Se poursuit le chant
Jusqu'à la note finale
Un dimanche à Embrun
L'air est si léger
Le soleil si frais
Que l'on sautille on dirait
Tel un ballon joyeux
Dansant bondissant
Pile dans le panier
De la dame à bicyclette
Qui rapporte le pain
Du petit-déjeuner
Cinq heures du matin
on sonne à la porte, on cogne
le chat derrière moi
Comme ils veillent, les grands arbres
sur les rêves des maisons
avec des berceuses tendres
que les feuilles chantonnent
en les bordant
Que dirons-nous à la demoiselle
dont le cœur hier battait de l'aile
pour un papillon vaniteux
Que pour lui elle est trop belle
même sans
la rosée du matin dans ses yeux
Et l'on croit en sa bonne étoile
jusqu'au jour où elle ne rit plus
des cabrioles du sort
jusqu'au jour où l'espoir avant de fermer les stores
regarde immobile la caravane qui passe
Ne lui demandez pas de sourire
le jour est de mauvaise humeur
il fait du boudin
pour une armée d'enfants de chœur
Mais faut pas rire, hein, faut pas rire
dans les rangs d'oignons
on ronfle ou on pleure
Oh qu'elle est douce et insistante
cette voix de la solitude
notes sereines du piano
sur les eaux ridées de la lune
les vallées d'ombre de la nuit
Le ciel, c'est maintenant qu'on y entre
qu'importent l'heure et la saison
c'est maintenant
même si l'on attend
à demain, indéfiniment
En fin d'après-midi
une visite
c'est une invasion
de grands rayons de lumière
d'une tendresse infinie
Ce tunnel si long, si froid
je veux bien le traverser
s'il mène peut-être à la lumière
Il a fait une apparition
a torché un air
et sans saluer
est rentré en coulisse
Si ça dépendait de moi
il n'aurait pas de cachet
le soleil