Aujourd'hui le vent
engouffré dans la ruelle
refuse d'en sortir

Les enfants voyagent
dans les livres, et il arrive
qu'ils ne rentrent pas

Créer de la joie
c'est le moyen le plus sûr
d'en avoir tout plein

Jour tiède à Venise
on erre dans les coulisses
et soudain : en scène!

Il chantait trois notes
se taisait; mais on restait
la nuit à l'entendre

Qui sait le violon
d'où luira l'enchantement
au détour d'un soir

Te vaincrai, la peur
ton masque, l'arracherai
cet air raisonnable

Voici qu'un soleil espiègle
lance ses rayons
sur les paupières fermées
dans un crépitement de cailloux
à la fenêtre du silence

Du long sentier de la corniche
je me rappelle les citronniers
les villas éparses
ma grande soif
Zarathoustra ne m'a rien dit

Les champs de fraises
et ceux où poussaient le trèfle et la marguerite
sont aujourd'hui peuplés de maisons
et je ne sais ce qu'est devenue
la tasse en plastique rose
suspendue au bord du ruisseau

Si l'habit ne fait pas le moine,
les talons hauts ne font pas la femme

Le matin se lève
lent et raide, à reculons
pourtant le soleil

Mais la lune aussi
sur tous nos rêves brisés
brille avec ardeur

Sur un tas de neige
douce lumière du soir
un chat la regarde

N'est pas revenu
le concierge de l'école
les enfants le cherchent

les feuilles font du sémaphore ~
S.O.S.
déchiffre la vieille dame

Nuit courte ~
Le sommeil en fuite comme un voleur

Il pleut de la pluie
des nuages libérée
c'est un flot d'enfants
à la sortie de l'école
après la cloche sonnée

Déprime, j'ai attrapé les rênes
et si contre moi tu te retournes
je te ferai des grimaces

Pluie, vent, grésil
déclaration de revenus
ce soir de la neige

(Clin d'œil à Charles d'Orléans : http://wfr.tcl-lang.org/fichiers/ulis/poemes/Charles_Orleans.htm#sd_4.)

Une enfant dans la ruelle
contourne le tas de neige
Le grand arbre à ma fenêtre
est décoré de bourgeons
Lundi on a mis en terre
le frère aîné de mon père

Dernier souffle dans les branches ~
Le jour va rejoindre les autres jours

Si caressante la brise ~
Demain le foin sera fauché

Le vent léger qui souffle
parmi les asphodèles
porte jusqu'aux étoiles
la supplique des champs
pour les ruches désertées

Dans la neige se mélangent
toutes les couleurs de cette joie
qui n'a pas de raison d'être