Fondue, première neige
l'auto noire de mon voisin
seule est toujours blanche

Ne me dites pas
pourquoi fait de la mousse blanche
le bain moussant bleu

Ce soir le silence
est un brouillard de grésil
on reste chez soi

N'avais vu sanguines
avant d'aller à Venise
ni raisin muscat

Piazzale Roma
entre autocars et saucisses
aperçu de l'eau

Eau de rose et miel
le baklava de ma sœur
dégouline encore

Des vers sur une pomme
c'est quand même plus délectable
que des vers dedans

Parmi les labours
vers le bout du monde connu
roulant à tricycle

Empreintes de bottes
dans la neige tombée de frais
passé le facteur

Grandes flaques brunes
lentement dans la ruelle
passe voiture blanche

Traversent la rue
un dimanche au centre-ville
deux écureuils noirs

Il tombe des clous –
la jeune fille au stand de fraises
plongée dans son livre

Hot-dogs et maillots
Vague et cris de ralliement
Plaisirs du football

Devant la maison
épais tapis de cuivre –
complainte du blues

Juste devant moi
atterrissage d'ovni –
lancer du mégot

Lumières de Noël
boutiques aux mille merveilles
orteil me fait mal

Sautille l'oiseau
sautille entre les pensées –
apprendre à voler

Flocon kamikaze
tombé pour cause d'hiver
futilement?

En pensant à toi
un thé au lait épicé
n'est-ce pas le bonheur

Il pleuvait, pleuvait
j'ai bu les Tintoretto
comme un champ le ciel

Chant de violoncelle
dans le soir qui s'épanouit
chaleur de la neige

La voiture toute neuve
sur le chemin cahoteux
va cahin-caha

Sur le trottoir un gobelet de carton
tout crasseux, aplati
sur le banc de neige une cartouche de cigarettes
à la pluie comme au soleil
refusent de fondre

Une idée, une idée
mon royaume pour une idée
ou faut-il offrir mon cheval?
las
je n'ai ni l'un ni l'autre

Arriverai-je enfin
avant le bout de mes jours
à terrasser la peur
et à lui faire des grimaces
la grande aventure commencera-t-elle enfin?